L'insoutenable légèreté de l'être
Quelques extraits tiré du livre éponyme de Milan Kundera d'une force et d'une actualité saisissante.
"Mais au juste qu'était-il arrivé à Sabina ? Rien. Elle avait quitté un homme parce qu'elle voulait le quitter. L'avait-il poursuivie après cela? Avait-il cherché à se venger? Non. Son drame n'était pas le drame de la pesanteur, mais celui de la légèreté. Ce qui s'était abattue sur elle, ce n'était pas un fardeau, mais l'insoutenable légèreté de l'être." p178
"Pour Sabina, vivre signifie voir. La vision est limitée par une double frontière: la lumière intense qui aveugle et l'obscurité totale. C'est peut-être de là que vient sa répugnance pour tout extrêmisme. Les extrêmes marquent la frontière au-delà de laquelle la vie prend fin, et la passion de l'extrêmisme, en art comme en politique, est désir déguisé de mort."p 139
"Mais qu'est-ce que trahir? Trahir c'est sortir du rang et partir dans l'inconnu. Sabina ne connaissait rien de plus beau que de partir dans l'inconnu."p 136
" Tant que les gens sont encore plus ou moins jeunes et que la partition musicale de leur vie n'en est qu'à ses premières mesures, ils peuvent la composer ensemble et échanger des motifs (comme Tomas et Sabina ont échangé le motif du chapeau melon) mais, quand ils se rencontrent à un âge plus mûr, leur partition musicale est plus ou moins achevée, et chaque mot, chaque objet signifie quelque chose d'autre dans la partition de chacun."p132
"Je pourrais dire qu'avoir le vertige c'est être ivre de sa propre faiblesse. On a conscience de sa faiblesse et on ne peut pas lui résister, mais s'y abandonner. On se saoûle de sa propre faiblesse, on veut être plus faible encore, on veut s'écrouler en pleine rue aux yeux de tous, on veut être à terre, encore plus bas que terre."p118
"Celui qui veut continuellement "s'élever" doit s'attendre à avoir un jour le vertige. Qu'est-ce que le vertige ? La peur de tomber? Mais pourquoi avons-nous le vertige sur un belvédère pourvu d'un solide garde-fou? Le vertige c'est autre chose que la peur du vide au-dessous de nous qui nous attire et nous envoûte, le désir de chute dont nous nous défendonds ensuite avec effroi."p93
"Mais au juste qu'était-il arrivé à Sabina ? Rien. Elle avait quitté un homme parce qu'elle voulait le quitter. L'avait-il poursuivie après cela? Avait-il cherché à se venger? Non. Son drame n'était pas le drame de la pesanteur, mais celui de la légèreté. Ce qui s'était abattue sur elle, ce n'était pas un fardeau, mais l'insoutenable légèreté de l'être." p178
"Pour Sabina, vivre signifie voir. La vision est limitée par une double frontière: la lumière intense qui aveugle et l'obscurité totale. C'est peut-être de là que vient sa répugnance pour tout extrêmisme. Les extrêmes marquent la frontière au-delà de laquelle la vie prend fin, et la passion de l'extrêmisme, en art comme en politique, est désir déguisé de mort."p 139
"Mais qu'est-ce que trahir? Trahir c'est sortir du rang et partir dans l'inconnu. Sabina ne connaissait rien de plus beau que de partir dans l'inconnu."p 136
" Tant que les gens sont encore plus ou moins jeunes et que la partition musicale de leur vie n'en est qu'à ses premières mesures, ils peuvent la composer ensemble et échanger des motifs (comme Tomas et Sabina ont échangé le motif du chapeau melon) mais, quand ils se rencontrent à un âge plus mûr, leur partition musicale est plus ou moins achevée, et chaque mot, chaque objet signifie quelque chose d'autre dans la partition de chacun."p132
"Je pourrais dire qu'avoir le vertige c'est être ivre de sa propre faiblesse. On a conscience de sa faiblesse et on ne peut pas lui résister, mais s'y abandonner. On se saoûle de sa propre faiblesse, on veut être plus faible encore, on veut s'écrouler en pleine rue aux yeux de tous, on veut être à terre, encore plus bas que terre."p118
"Celui qui veut continuellement "s'élever" doit s'attendre à avoir un jour le vertige. Qu'est-ce que le vertige ? La peur de tomber? Mais pourquoi avons-nous le vertige sur un belvédère pourvu d'un solide garde-fou? Le vertige c'est autre chose que la peur du vide au-dessous de nous qui nous attire et nous envoûte, le désir de chute dont nous nous défendonds ensuite avec effroi."p93